Petite vue sur l'horizon [PV Maane]

Elle était assise, là, et ne savait même pas pourquoi. Ce matin, elle avait laissé s’échapper la notion du temps. Elle avait tenté de se réveiller de son hibernation. De penser à autre chose. A quoi ? Aucune idée. Elle ne savait pas s’il y avait des activités, ou non. Elle n’y serait pas allée, de toutes façons. Elle avait placé dans ses oreilles deux écouteurs blancs qui se perdaient dans ses cheveux ondulés, déversant dans ses oreilles une musique qu’elle n’écoutait même plus. Ce qui n’était pas bon. Alors elle s’était laissée guider par ses pas, errante.

Pourquoi elle était si vide, Candice n’en savait rien. Elle n’avait plus envie de danser, plus envie de jouer, ni même de chanter, aucune envie d’aller trouver quelqu’un pour parler ou pour faire n’importe quoi, pourvu que… Pourvu qu’elle ne s’ennuie pas.

En sortant du chateau, elle avait éclaté de rire. Parce qu’elle se trouvait ridicule. Parce que c’était profondément stupide, de se conduire ainsi. De mettre ses neurones en pose, de se mettre en fonction stop, juste parce que… Parce que quoi déjà ? Alors elle s’était mise à courir, sur un fond de « Mission impossible ». Puis elle s’était jetée dans le sable comme s’il était son seul salut. Elle avait vérifié qu’il n’y avait personne, avant. Pensez-vous…

Maintenant, elle était assise, là, et ne savait plus trop pourquoi. Mais elle s’en fichait. Elle regardait le soleil devant lequel passaient quelques mouettes, et son souffle avait reprit sa tranquillité. Elle goutait cette journée avec un sentiment de contentement, de béatitude. Mieux vaut être simple, en réalité. Et tombant dans le sable blanc, elle dessina un ange avec ses bras et jambes, un sourire con sur le visage...

Maane venait juste d'arriver. Tssss... Côte d'Azur, pourquoi ses "parents" l'ont envoyé ici? Y a d'autre endroit qu'ici, des endroits ou elle connait des gens?! Non! Mais Maane n'était pas dupe. Plus loin elle sera, mieux ce sera. Voilà, son délire parano et solitaire recommençait. Dans sa tête elle se remémorait les images, les paroles prononcées, la sentence... "Tu nous quitte", "Loin de nous", "Je te vire si je veux". La "mère" de Maane aimait lui rappeler qui avait l'argent... Oui, c'était la seule chose qu'elle avait de plus que Maane. Elle venait de passer plus de 9h dans un Taxi jaune, avec sa "mère", en ne comptant pas les temps de pause. Elle avait les nerfs à vifs. Elle avait besoin de marcher, d'évacuer le stress qui l'occupait chaque jours. Elle engagea un sentier, et déboucha sur une plage. Elle aimait la sensation des pieds qui s'enfonce dans le sable chaud et mou, le soleil qui inondait son visage, le bruit du vas et viens des vagues sur la plage, les mouettes qui criaient... Voyons le bon côté des choses, il n'y avait pas ça à Paris... Maane redescendit sur le sable dur et humide. Elle se retourna et marcha à reculons, sentant les "saveurs" de l'enfance revenir. En quelques sortes, elle avait le syndrome de Peter Pan. Quoi de mieux que revivre ses 8 ans? L'âge ou les enfants ne sont pas "méchants" ou snobes. L'âge ou tous sont égos, et ou personne ne juge selon l'argent, ou la beauté. Des pensées enfantines inondèrent Maane. Des bonbons, elle voulait des bonbons. Ces souvenirs la rendirent plus calme. Elle attrapa une mèche de cheveux et l'enroula autour de son doigt, puis finalement étendit les bras, sentant le faible vent dans ses cheveux. Sans le voit, elle déviait sur le sable et mous et trébucha sur quelqu'un. Elle se retourna pour voir qui c'était, et recula.

"Oh pardon, je t'avais pas vu"

C'est sur qu'en marchant à reculons elle pouvait pas voire grand chose... Voyant la personne dans le sable, étendue à terre, elle ajouta:

"Je t'ai fait tomber?"

Sans attendre la réponse elle lui tendit la main pour l'aider à se relever. Maane avait la fâcheuse habitude de ne pas attendre les réponses à ses questions, elle entama alors une autre phrase.

"Moi c'est Maane, j'ai pas l'habitude de piétiner les gens. Mais les gens ont pas l'habitude de ne s'étendre à terre."

A force de faire des mouvements avec les bras et les jambes ses membres commencèrent à se tendre, jusqu'à qu'une crampe vicieuse ne prenne la pauvre Candice au mollet. Et celle ci, au lieu de crier de douleur, prouvant par là qu'elle manquait cruellement de sport, resta le plus silencieuse possible, laissant passer la crampe qui ne resta pas très longtemps active.

La jeune femme observait le ciel avec intérêt, comme si elle découvrait entre les nuages blancs un tout nouveau monde, magique, artistique. Elle jouait en fait, cherchant des formes dans les nuages et créant des histoires célestes comme elle le faisait quelques années auparavant. Ses cheveux glissaient sur le sable, ondulant légèrement sous la douce brise qui la caressait, comme un murmure à peine audible que l'horizon portait vers les terres, message de paix et de tranquillité.

La jeune Cherry avait de la chance aujourd'hui, la plage qui d'habitude était pleine de monde, de jeunes gens imbus de leur plastique parfaite qui ne manquaient pas de le faire savoir, était aujourd'hui pratiquement déserte, quelques sportifs jouaient au volley un peu plus loin alors que toutes les modes étaient parties en ville faire quelques achats. Quoi de mieux pour la jeune Candice qui n'appréciait pas vraiment la présence de monde mais adorait venir sur la plage du camp, son sable étant particulièrement fin et doux. Cette journée qui avait mal commencée s'avérait être très agréable.

Ses yeux mordorés brillaient sous le soleil et la vie sur cette plage silencieuse semblait s'arrêter l'espace de quelques instants. Candice prit une longue respiration, et alors qu'elle s'apprêtait à se relever pour faire un plongeon, un pied vint shooter sur son mollet, ravivant par la même occasion la crampe qu'elle avait si bien ignorée. Ne pouvait réitérer sa performance, Cherry se redressa d'un coup, portant ses mains à son mollet en étouffant un cris de douleur, les yeux écarquillés et la lèvre mordue.

"Je t'ai fait tomber?" Demanda la jeune inconnue, vraisemblablement gênée.

« A vrai dire, tu m'as plutôt relevée. » Répondit Candice, presque essoufflée par la crampe qui commençait à s'effacer.

"Moi c'est Maane, j'ai pas l'habitude de piétiner les gens. Mais les gens ont pas l'habitude de ne s'étendre à terre."

Candice attrapa la main de la jeune femme, se relevant face à elle avant de rétorquer un fin sourire au visage.

« C'est parce que peu de gens se rappellent encore combien le ciel est beau. Moi c'est Candice, enchantée. T'es nouvelle ici non ? »

La jeune Candice observait la jeune fille face à elle, plutôt belle, elle allait avoir du succès parmi les sportifs du camp, c'était certain. Non pas qu'elle lui en voulait, pas du tout même, Candice était du genre solitaire et pacifiste, elle aimait simplement analyser les gens sur la façon dont ils avaient de bouger leur corps, chose à laquelle elle était très douée d'ailleurs. Le ciel n'étant apparemment pas quelque chose de sublime pour son interlocutrice, Candice s'engagea dans une argumentation peut être un peu poussée, comme elle les aimait en somme.

« Mais regarde bien, tu vois pas dans chaque nuage un souvenir de ton enfance ? Le fameux cheval, la licorne, le nain, le père noël, ils sont tous là, comme toujours, à nous observer. Le ciel c'est magique, changeant, un bleu qui en dit long sur ce qu'il y a derrière cette façade. C'est une source d'inspiration sans limites ! »

On voyait bien au ton de sa voix qu'elle parlait pour rien dire, simplement pour dire ce qu'elle voulait dire. Candice était ainsi, plus particulièrement quand elle venait de se faire, ce qui déclenchait en elle une sorte de réaction en chaine biochimique, annihilant toute forme de lucidité dans son esprit fertile.

Elle était nouvelle, et semble-t-il assez peu enjouée de son arrivée dans le camp. Candice esquissa un sourire avant de marcher vers le bord de la plage, trempant ses pieds dans l'eau tiède qui venait puis repartait, indolente.

« J'suis une habituée oui, je viens ici tous les étés depuis que j'ai 9 ans. Ca fait un paquet d'années, du coup je connais à peu près tout le monde, et tout le monde me connait plus ou moins. Disons que je suis pas une fan des réseaux sociaux moi, je les connais et ils me connaissent ca me suffit. Surtout les sportifs qui arrêtent pas, chaque année, de tenter leur chance avec moi. Surtout les nouveaux, ils sont chiants pour ca, parce qu'il sont 500 grammes de viande sur le thorax ils pensent pouvoir m'avoir facilement. Ils sont cons, mais pas méchant, moins que les modes du moins. Tu remarqueras que les gens ici sont très divisés, tu trouves les modes - qui soit dit en passant se ressemblent toutes entre elles je trouve - et les sportifs d'un côté, les originaux, artistes et geeks d'un autre. Et je dois avouer que je préfère cet autre côté. »

Elle fit un tour sur elle même, observant les quelques mecs au bout de la plage.

« si tu veux on peut aller les voir. Tu t'appèles comment au fait ? »

Maane écouta attentivement Candice. Des souvenirs de son enfance... Maane en avait, ouai. Enfermée dans sa chambre avec son ours en peluche en attendait que l'orage passe. Mais Maane ne voyait pas d'animaux. Elle voyait des nuages. Pas de licornes, lutins ou autre choses de ce genre.

"Déjà que je dois me concentrer pour voire la petite ourse et la grande ourse la nuit, me demande pas de voire un Père Noël. Comment veux tu voire un Père Noël sans sapin ou manteau rouge? J'ai jamais compris comment on peux voire des choses en regardant un nuage? Ce ne sont que des gouttes d'eau."

En générale Maane était la première à voire des formes dans des choses comme un arbre qui a la tête de Dracula, Un Cailloux qui ressemble à Babar, et une tâche d'encre qui ressemble à un couteaux. Il y a quelques années, quand elle fesait ses "injections", elle voyait ce genre de chose partout. Mais jamais dans les nuages.
Maane écoutait toujours Candice qui parlait de quelque chose que Maane pouvait comprendre. Les réseaux sociaux, la plaie du lycée. Maane ne put s'empêcher de sourire tellement la description faite par Candice était juste, et valable partout. Même dans les camps de vacances à croire. C'est triste un monde divisé comme ça. Il y a bien que les humains pour faire des groupes aussi strictes et homogènes. Mais c'est la vie comme ils disent...

"Tu viens depuis que tu as 9 ans? Ils acceptent les enfants aussi?
Pour les "modes", c'est et ça a toujours été comme cela. Juchées sur leurs talons aiguilles elles font les potiches. On les met dans un coin et elles font jolis. Et tu devrais être honorée que les sports tentent leurs chances. Quoi que... Ils aiment les filles superficielles."

On appelle cela la société... Les idiots, les intelligents, les sportifs, les paresseux, les beaux les moches. Et cette société reigne sur ta vie, dès ta naissance on te met déjà dans une case. Dès l'adolescence, ça devient un cirque, avec la discrimination, et toutes les choses que cette société humaine à inventé.

"Maane. Oui, Allons les voirs."

Candice attrapa la serviette en soie qu'elle avait disposée sur le sol, l'enroula autour de sa poitrine de manière a formé une robe translucide. Recoiffant ses cheveux, du moins essayant de le faire, elle imita une mode en se dandinant lentement, les lèvres plissées comme si elle voulait embrasser l'air.

« Après t'as plus qu'a imaginé des filles comme ca.. tout le temps. Le pire c'est qu'en général ce sont les moins riches du camp, riches quand même c'est sûr, mais c'est celles qui ont le moins de mérite. Perso, je comprend qu'on aime acheter des fringues et faire la fête, je le fais aussi, mais pas besoin de se donner des crampes aux lèvres pour ça. »

Elle glissa son pied dans l'eau quelques secondes avant de se retourner vers Maane, l'observant quelques secondes avant de porter son regard sur le chateau un peu plus haut.

« T'as déjà visiter ta suite ? » Dit elle en commençant à marcher vers le groupe de jeunes mecs plus loin.

Elles avaient à peine commencer à marcher que déjà quelque uns des sportifs se retournaient vers elles, il faut dire que les deux jeunes filles étaient plutôt belles, "bonnes" serait plus adapté à la situation.

« Je te préviens s'ils me gonflent je me casse, tu seras seule avec eux. » Glissa Cherry une moue blasée sur le visage...

Il y avait quatre sportifs, bien faits il fallait l'avouer, du moins physiquement. Deux bruns au yeux marrons, un blond aux yeux bleus et un brun aux yeux verts, celui ci semblait très attiré par Maane qu'il dévisageait sans gêne, un regard lubrique bien chiant sur le visage.

« Voilà Maane, elle est nouvelle ici, soyez pas trop lourds hein. » Déclara Candice un fin sourire sur le visage. Après tout, elle ne les haïssait pas, simplement ils n'avait pas de quoi attirer son attention.

« Ohh, mais tu nous prend pour qui, on est des gentlemen Cherry ! » Rétorqua le brun aux yeux verts, Jared.

« Enlève ta main de mon épaule tu veux, et m'appèle pas Cherry aussi, c'est pour les intimes ca. » Répondit elle en poussant la main de Jared.